In foetu



Je suis chirurgien. Jusqu'à présent, j'ai eu affaire à un bon paquet d'étranges cas médicaux, mais l'un d'eux continuera de me hanter probablement jusqu'à ma mort.


En automne 1987, une anomalie médicale extrêmement rare a touché un pauvre enfant de 7 ans du nom de William. Je travaillais en tant que chirurgien en chef dans la petite ville de Montrose dans le Colorado. William était allé chez son pédiatre pour se plaindre de fortes douleurs venant de son ventre. Il disait aux docteurs qu'il avait un « homme » qui vivait en lui et qui refusait de le laisser tranquille jour et nuit. Il disait qu'il lui faisait mal à divers endroits, comme s'il tirait sur les ficelles d'une marionnette. On pouvait le voir souffrir et pleurer dans le bureau du médecin, suppliant qu'on le soulage de ses douleurs atroces. Sa mère était extrêmement inquiète. Le docteur a donc procédé à un examen complet mais n'a rien trouvé d'anormal. Il a simplement dit à la mère de le ramener à la maison, et lui a prescrit de puissants antidouleurs.


Quelques semaines se sont écoulées, tandis que la douleur du garçon empirait. Le docteur ne savait plus quoi penser. Il ne trouvait toujours rien d'anormal, prescrivant des antidouleurs de plus en plus forts. Un jour, la mère est arrivée dans un état de grande panique. Elle est entrée en criant que son fils mourrait, et qu'il saignait abondamment. William avait du sang qui dégoulinait de sa bouche, et il se traînait à quatre pattes, suppliant les médecins de le tuer. Horrifiés, ils l'ont envoyé à l'hôpital.


C'est donc à ce moment qu'il est parvenu à notre équipe médicale. Les docteurs ont déterminé qu'il avait une grosse tumeur au torse, après que les rayons X aient révélé une étrange formation dans sa cavité viscérale.


Il fallait opérer de toute urgence.


Moi et mon équipe avons rapidement enfilé nos masques et nos blouses avant de le conduire au travers des couloirs de l'hôpital. Nous avons accéléré lorsque le garçon s'est mis à hurler.


Nous lui avons mis un masque anesthésiant alors qu'il se tortillait et demandait à la mort de le prendre. Sa tête se balançait d'avant en arrière avec violence, comme s'il ne le contrôlait pas. Elle se balançait si fort qu'il a fallu deux docteurs pour la maintenir. Il a commencé à se calmer, jusqu'à ce que finalement ses yeux se ferment, alors que l'anesthésie faisait effet. Nous l'avons conduit en salle d'opération et lui avons arraché son t-shirt Spider-man. J'ai pris mon scalpel et j'ai ouvert son torse. La fine peau s'est ouverte et le sang a rapidement coulé, révélant des veines et du mucus. J'ai entendu un gargouillement venant de l'intérieur du gouffre sombre que j'avais créé. Nous avons placé des pinces à l'emplacement de l'incision et juste au moment où nous allions tirer, nous l'avons vu.


Venant de juste en dessous de ses abdominaux cramoisis, un bras a jailli. La chair s'est étirée jusqu'à se déchirer. Ça a projeté des morceaux sur nos visages ainsi que sur nos vêtements. Nous étions tous stupéfaits, pétrifiés par le choc. Le bras était petit et frêle, rouge, et visqueux tant il y avait de sang. Il reposait sur ses entrailles tailladées. Je me tenais là, bouche bée. Mon souffle restait coincé entre ma gorge et mes poumons. J'ai pris mon scalpel en tremblant puis j'ai ouvert la blessure plus profondément. J'ai jeté un œil à l'intérieur de la masse rose et rouge où j'ai vu un corps recroquevillé, et j'ai su que c'était un nourrisson. J'ai placé mes mains sur sa peau douce et écarlate pour tenter de le prendre. Il gigotait dans mes mains, et me fixait des yeux. Je l'ai pris, le tenant au-dessus du corps du pauvre garçon. L'enfant était intégralement recouvert de sang. Il avait des yeux étranges, auxquels il manquait la pupille et ses lèvres étaient étroitement serrées. Il était recroquevillé sur lui-même. Il ne ressemblait pas à un enfant, mais plutôt à un alien. Le plus surprenant était qu'il n'avait pas de cordon ombilical.


En voyant l'enfant gigoter, les médecins ont reculé avec horreur. Je bégayais, incapable d'articuler une phrase sensée. Je jure que je ne mens pas sur ce qui est arrivé par la suite. Le nourrisson me regardait et il a ouvert la bouche. Une grosse quantité de sang en a coulé. Il a commencé à pousser de petits cris stridents. C'était... Extrêmement désagréable à entendre.


Mes yeux étaient grands ouverts, et j'étais pétrifié. Les autres médecins se sont enfuis de la pièce en se bousculant.


L'enfant était dans mes mains criant toujours plus fort. Il s'arrêtait parfois quelques secondes pour cracher du sang dont il ravalait la moitié à chaque fois. Je l'ai finalement lâché, le laissant tomber sur le sol. Ça a provoqué un bruit sourd sur le carrelage avec un répugnant « crack ! » J'ai cru qu'il était mort, car il est resté immobile un moment. Puis finalement, il s'est mis à pleurer. À pleurer comme n'importe quel nourrisson, et pas comme un monstre. Je n'ai pas pu m'empêcher de m'approcher et de me pencher sur lui pour voir dans quel état il était.


Avec une rapidité effrayante, il m'a griffé au visage. Sans trop réfléchir, je me suis levée et je lui ai donné plusieurs coups de pied, espérant en finir avec cette abomination. Quand j'ai été sûr qu'il ne respirait plus, je me suis laissé tomber au sol et je n'ai pas bougé pendant plusieurs longues minutes.


La police est intervenue et m'a trouvé seul avec le cadavre du monstre. J'étais immobile, sous le choc. Pour ce qui est de William, son électrocardiogramme affichait une ligne plate, il a été déclaré mort d'une hémorragie. Un policier m'a aidé à me lever pour me faire sortir


Des recherches ont été menées et il a été établi que l'enfant était victime d'un rare cas appelé Foetus in foetu. Cela apparaît quand, durant la grossesse, des jumeaux sont procréés et l'un d'eux se fait enveloppé par l'autre, devenant un parasite. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas un humain. Nous n'avons jamais pu en savoir plus sur lui car quand les policiers, moi et d'autres médecins sommes retournés dans le bloc une vingtaine de minutes plus tard, le corps de la chose avait disparu.

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